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En guise d’apéritif, la première page du roman :

« Voyons, par où commencerons-nous
Cette périlleuse histoire ?
Selon moi, mon enfant,
Voici le chemin
qu’il nous faut suivre de préférence. »
Platon (Le Sophiste, chap. XXX)

À ce moment précis où, d’une plume ferme, je trace ces lettres mêmes que vous êtes en train de lire et qui sont les toutes premières de cette myriade de signes qui attendent impatiemment de s’agglutiner en mots et de s’ordonner en phrases afin de révéler le sens de ce manuscrit dont je ne suis que le découvreur et le transcripteur, l’enthousiasme, ma vieille compagne, s’éveille avec le souvenir. L’obscurité presque complète d’une fin d’après-midi, ce froid que les radiateurs poussifs n’arrivent pas à vaincre, la pluie monotone sur les tuiles… Oui ! C’était bien un de ces mornes samedis d’hiver, où l’alternative à la poisseuse mélancolie est de s’enfermer dans un de ces greniers dans lesquels s’amoncellent dans un ordre problématique des archives inépuisables dont le seul classement suffit à justifier une vie. Montagnes d’antiques classeurs éventrés, collines de cartons déglingués dégorgeant des dossiers jaunis, pénéplaines d’immémoriales liasses aux ficelles élimées, vallées de simples feuillets déchirés, écornés et tavelés de vieillesse, ô dépôts sédimentaires des temps révolus ! Ô géographie des siècles submergés ! Votre contemplation est le plus ferme réconfort des âmes en détresse et votre fade odeur de caveau, plus suave que tous les parfums de Saba, enivre le cœur des chercheurs au sein des hivers les plus septentrionaux ! C’était un grenier, glacé, bien entendu, vermoulu comme il se doit, poussiéreux selon les normes les plus exigeantes...
... Il ne me restait plus qu’une étagère à explorer, celle des années 1850 à 1890. « L’archiviste, un sportif de haut niveau » : je décidai que ce serait là le titre de ma prochaine contribution au journal municipal. Juché sur le tabouret instable, hissé sur l’extrême pointe de mes pieds, les bras étirés à la limite du possible dans la position de l’alpiniste passant un surplomb, j’entrepris de descendre un des deux derniers très anciens cartons, noirs de cette tenace crasse du temps si douce au cœur des chartistes....
... C’est alors que de la caisse éventrée, tomba une épaisse liasse de feuillets manuscrits liés d’un brin de paille qui céda sous le choc ; la pile s’éparpilla sur le parquet ciré, dans une brume de poussière qui me fit éternuer. Un fort cahier relié de toile grise gisait sur un amas de papiers brunis, déchirés, troués de vers. Je fermai les yeux et, le portant à mes narines, je le respirai profondément. Je devins aussitôt tout à la fois le bibliothécaire de la librairie d’Alexandrie, le gardien de celle de Néron, le conservateur des capitulaires de Charlemagne, le classificateur des archives de Byzance et l’amoureux épousseteur des incunables de Montaigne. J’étais le bourgeon ultime de cette lignée ininterrompue d’érudits dont les racines plongent dans l’humus des années effacées et dont les rameaux à naître se perdent dans un futur indécis. En belles anglaises, les pleins et les déliés de l’étiquette blanche tachée de rousses piqûres de vieillesse, annonçaient : « Commentarius Perpetuus N° 5 ». J’ouvris la couverture avec les précautions d’un Carter forçant le boyau d’accès à la chambre funéraire de Toutankhamon, et l’émotion d’un Schliemann donnant le premier coup de pelle au déblaiement des remparts noircis de Troie. La première page portait le sous-titre suivant  : «  LA SARABANDE DES MACABRÉS, Récit Initiatique et Historique du Pincerais » ...

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